vendredi 13 janvier 2012

Dignité et moments de solitude

Qui n'a jamais connu cet instant, terrible, où le monde autour de vous semble vidé de sa substance, de ses êtres et du temps ?! Ce moment où tu aimerais pouvoir courir derrière la dernière phrase, le dernier geste qui te condamne à une solitude extrême ?!
Qui n'est pas frappé par la malédiction de la gaffe suprême ?!

L'absence de dignité est une chose...mais le milieu professionnel ne fait que l'exacerber...petit florilège d'instants choisis qui m'ont permis de bâtir un CV en relations-pros digne d'un senior manager :


- de l'art de s'exprimer pour éviter les quiproquos :
Un "t'en as pas marre de me courir après?!" dit à son patron qui vous a pisté toute la journée dans les bureaux peut vite créer une rumeur sans fin dans votre nouvelle boîte...cela fait donc 9 mois que la responsable des ventes surveille que nous ne restions pas trop longtemps ensemble dans mon bureau...

- du bon goût de ne pas exprimer ses opinions :
J'ai une part d'Eva Joly en moi (une part sans ses lunettes, sans sa garde-robe, sans son accent et sans la majorité de ses idées révolutionnaires) qui me fait détester les 4*4. Dans ma grande bonté je tolère quelques exceptions pour les agriculteurs-éleveurs, les mecs qui ont des bateaux et remorques à tracter et ceux qui vivent au milieu des bois ou sur une dune bretonne...Bref !
C'est donc par un beau jour de septembre, en week-end d'intégration dans mon premier job, que j'exposais ma théorie du besoin de reconnaissance et de la symbolique phallique d'une grosse voiture (voir la théorie de Mc Cain sur plus tu la ramènes moins tu en manges...) devant mes nouveaux collègues et un manager de la boîte, à la mèche certes étonnante mais d'abord plutôt discret.
Vous le voyez venir d'ici, le dit manager avait la mèche au vent car il gardait ouvertes les fenêtres de son ÉNORME 4*4 dans lequel il débarquait au boulot trois jours plus tard...
J'ai cru être virée, je me suis auto-honnie et j'en ai profité pour conclure que Freud était un con car j'en étais au chômage à cause de lui...
(ndlr : finalement ils m'ont gardé, il y avait pire que moi dans les recrues, cf. infra)

- de la délicatesse de choisir ses assistants :
Outre le premier instant de sidération quand vous voyez votre assistant sortir des toilettes de votre client en sifflotant et remontant sa braguette, vous comprenez vite que la semaine de mission va être terriblement longue !
Je pense notamment à un champion, que nous appelerons JN, qui a, en vrac et en plus du premier point ci-dessus, réussi à se perdre en voiture entre un point A (bureau) et un point B (client) à 500m de distance l'un de l'autre, à demander au directeur financier de votre client de bien vouloir l'aider à faire des additions, à s'endormir derrière son écran d'ordi, à mettre ses pieds sur le bureau de l'équipe devant son grand patron et  àvous demander s'il pouvait partir le vendredi midi car il avait un week-end à préparer. Alors certes, un tel stagiaire forge la patience de toute une équipe mais ne vous permet pas forcèment de rester en bon terme avec le reste des interlocuteurs...

- de l'importance de l'orthographe :
Petite section pour la bourde choupi de l'apprenti informatique qui vous envoie le matin à 6h un mail plein de bonnes intentions "il faudrait que l'on se voit de bonheur"...Certes, il a 21 ans mais la notion de grasse matinée est davantage maîtrisée que celle de bonne heure ! Au moins, contrairement au boulet social, le boulet orthographique vous fait sourire de bon matin !

- de la maîtrise de son honneur :
Qui n'a jamais crié au scandale parce qu'un lutin malfaisant, voire trollesque, a osé piquer son Bic noir préféré (planté dans son chignon au moment du scandale...) ?! Deux optiques s'ouvrent à vous lorsqu'on vous le signifie, mentir éhontèment en disant que vous ne cherchez pas ce bic noir mais l'autre, rongé au bout...ou sourire bêtement et marmonner trois mots dans la barbe que vous n'avez pas en vous repliant derrière votre ordi.
Qui n'a jamais mal fermé la porte des toilettes et ne s'est pas retrouvée face à face avec la secrétaire ?! Là, aucune voie de secours, c'est la honte de votre vie et vous en devenez une toquée de la porte des WC à vie...
Qui n'est jamais partie d'un air décidé sur le parking au fond à gauche alors que ce jour vous avez garé la voiture devant à droite (de préférence quand tous les ouvriers d'équipe font leur pause clope du soir...) ?! Seule une technique me paraît satisfaisante, faire semblant de se parler à soi-même en dodelinant de la tête genre "vraiment j'ai trop bossé aujourd'hui, je ne sais plus ce que je fais" (ndlr : crédibilité non assurée...)

- du fracas de ses annonces :
Enceinte, je m'étais préparée à toutes les réactions de mon big boss à l'annonce de ma grossesse : questionnements, planning à aborder, félicitations même...
Il faut donc intégrer qu'un de vos patrons peut répondre "ah bah bravo" avec un ton de reproche avant de vous lancer dans une quelconque discussion à ce sujet...je vous laisse imaginer comment enchainer après cela...

- de l'intérêt d'avoir un volume sonore limité :
Chez un client, à mon chef de mission du moment, sans modération sonore aucune : "Ah, J. tu feras gaffe, il y a la femme de ménage qui entasse des cartons derrière la porte, va pas l'assomer en entrant !" (ndlr : merci de noter que je m'inquiète du bien être d'autrui en toutes circonstances...). Pourquoi cette phrase fut un de mes plus beaux moments ?! Parce que la femme en question était la grande patronne de l'entreprise dans laquelle j'étais...

La liste des bons mots et comportements inappropriés pourrait être encore rallongée mais je suis certaine que vous aussi, vous avez de grands moments professionnels à me raconter : je suis toute ouïe !! :)
Bonne journée à tou(te)s !!
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